RÉSUMÉ
À travers une série d’études, ce livre développe l’idée que le paysage, loin d’être un spectacle ou un « objet » d’étude, doit être saisi comme un milieu dynamique. Qu’il ne soit pas quelque chose mais qu’il faille plutôt le considérer comme une relation, c’est ce que pensent aussi, à des degrés divers, plusieurs auteurs contemporains.
Cependant, en étudiant diverses façons d’aborder cette question du paysage dans la manière dont nous l’appréhendons à partir de la marche, de la danse ou du déplacement en général, en pensant avec un théoricien comme John Brinckerhoff Jackson, une danseuse, Hannah Halprin — et son mari l’architecte Lawrence Halprin —, un collectif, Stalker, des artistes, Carl Andre et George Trakas ou Mattias Poisson, ce qui est privilégié ici, c’est l’expérience du paysage. Cette expérience passe aussi par des formes particulières de désorientation que l’art nous permet de mieux appréhender. Ainsi le déplacement horizontal auquel se double-t-il implicitement d’une vision verticale qu’on peut comprendre comme une autre façon de le traverser. Une façon de voir que nous restituent à leur façon diverses formes de représentation, la carte, et la riche production imaginaire qui l’accompagne, mais aussi la photographie aérienne avec tout ce que l’aviation nous permet de comprendre des échelles et de la taille des territoires que nous survolons. Là, tout se passe en un sens comme si nous avions déjà volé et que ces images réactivaient une sorte d’inconscient archaïque constitutif de notre intelligence des paysages.
Une même conviction traverse tous ces textes à savoir que pour comprendre et transformer nos paysages, pour y vivre et pour les aimer, il nous faut mobiliser un goût esthétique et un imaginaire productif. L’art est, en effet, au cœur de ces développements qui s’appuient en même temps sur l’histoire, la philosophie et l’anthropologie.